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En quête de zen à Kyoto

Photo: Carolyne Parent

 

En ce foyer religieux et culturel du Japon, mon cœur s’est soudainement senti léger comme une brume matinale au sommet du Fuji-san. Non sans raison : la ville et les collines boisées qui la ceinturent comptent quelque 1600 temples bouddhiques, dont bon nombre sont zen.

Pour mémoire, le zen est une école du bouddhisme implantée au pays vers le 13e siècle. Il se caractérise par la pratique du zazen ou méditation assise. De par son exaltation de la beauté, il a notamment favorisé l’éclosion des arts nippons, de la cérémonie du thé au jardin sec en passant par le haïku, l’arrangement floral, la calligraphie et jusqu’au kendo, un art martial se pratiquant avec un sabre en bambou.

Dans l’ancienne capitale impériale, Ryoan-ji, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, est un temple mondialement célèbre pour son jardin minéral, qui serait le plus représentatif de l’art du karesansui ou jardin sec. En un espace de la dimension d’un terrain de tennis, 15 pierres sont groupées en cinq îlots, un chiffre de bon augure dans la mythologie japonaise. Quinze pierres et les sillons qu’un râteau a imprimés dans le gravier tout autour. Et c’est tout. Pourtant, cela fait 500 ans qu’on tente d’en déchiffrer l’indéchiffrable secret…

Compression harmonieuse – mais austère – de la nature induisant un vertige du vide, le jardin zen est une invitation à la méditation et à l’abandon du moi, qu’on doit laisser au vestiaire du temple, en même temps que ses chaussures. On contemple l’œuvre depuis la véranda d’un hall principal, souvent attenant à un salon de thé, où les moines ingurgitent la boisson qui les gardera éveillés le temps de leur méditation assise.

Photo: Carolyne Parent

 

De sereines visites matinales

C’est tôt le matin qu’il faut visiter ces jardins, en compagnie des étudiants et des travailleurs de Kyoto qui vont s’y recueillir. L’ennui, c’est qu’il faut beaucoup, beaucoup de matins, vu le nombre de jardins! Daitoku-ji, par exemple, l’un des plus importants monastères zen de la ville, en compte cinq ouverts au public, dont celui du sous-temple Daisen-in, autre chef-d’œuvre du genre datant de l’époque de Muromachi (1336-1573), et celui tout en formidables vagues de Zuiho-in, qui remonte aux années Showa (1926-89). Et c’est sans compter celui de Nanzen-ji, dessiné par le daimyo Kobori Enshu vers l’an 1600 et considéré « trésor national », entre autres pour ses grosses pierres figurant de jeunes tigres traversant un étang (toranoko-watashi); celui de Kodai-ji, de Kinkaku-ji et de tant d’autres « ji ».

Mais moi, c’est plutôt d’un « dô » dont je garde le plus zen des souvenirs. Adossé aux collines d’Higashiyama, datant de l’époque d’Edo (1603-1867), l’ermitage Shisen-dô est modeste. Une futaie de bambous en marque l’entrée. Le temple rustique est coiffé d’une alcôve destinée à l’observation de la lune. Par-delà les tatamis de méditation brillent un étang et une étendue de sable blanc, qu’un balai effleure quotidiennement.

Et voilà qu’à l’orée de ce jardin, des sandales m’ont fait une invitation inattendue, inespérée : les chausser pour fouler cet espace sablonneux, partout ailleurs d’accès interdit. Vous dirai-je l’impression ressentie? Joie, paix et légèreté – comme celle d’une fleur de cerisier que fait tressauter un vent printanier.

Photo: Carolyne Parent

 

*On consulte Zen Gardens de Mizuno Katsuhiko (Zuiko Books) pour plus d’inspiration.

 

À propos de l’auteur

 Photo: Michel Laloux

Collaboratrice régulière en tourisme au quotidien montréalais Le Devoir et chez ELLE Québec, Carolyne Parent a voyagé dans quelque 120 pays et territoires. Publié en juin 2021 par KO Éditions, son quatrième livre, Un Monde à voir – 100 aventures à vivre au temps nouveau du voyage, comprend huit expériences nippones et présente le meilleur d’une vie vécue sur six continents!

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