Touristes LGBTQ+ ce qu’il faut savoir pour voyager au Japon
L’homosexualité est légale au Japon, et les membres de la communauté LGBTQ+ peuvent y voyager et découvrir le vie queer locale en toute sécurité.
Bien que le Japon soit le seul pays membre du G7 à ne pas reconnaître les unions entre personnes de même sexe, les sondages montrent que la population y est en grande majorité favorable (*1). La sensibilisation de l’opinion publique et le soutien aux minorités sexuelles et de genre évoluent positivement année après année, comme en témoigne le développement de certificats de partenariat locaux, qui couvrent en 2023 plus de 65 % de la population (*2).
Les couples peuvent parfois faire face à quelques regards curieux ou réprobateurs, mais ceux-ci sont souvent simplement dûs au fait que les Japonais, quel que soit leur genre et leur orientation sexuelle, restent le plus souvent discrets dans leurs manifestations publiques d’affection. S’il n’est plus rare de voir des couples se tenir la main, notamment dans les grandes villes, baisers ou étreintes sont généralement considérés comme intimes et réservés à la sphère privée.
Conseils de voyage pour les personnes LGBTQ+
Certains établissements tels que des hôtels ou des restaurants s’affichent comme LGBT-friendly et mettent en place des mesures concrètes pour assurer plus d’inclusivité et un accueil respectueux. Il n’est cependant pas nécessaire de ne cibler que ces établissements pour planifier un voyage, car les membres de la communauté LGBTQ+ sont généralement bien accueilli·e·s partout.
Des témoignages attestent que certains “Love hotels”, où les chambres se louent à l’heure, peuvent se montrer réticents à accueillir des couples gays malgré une directive ministérielle datant de 2018 visant à mettre fin à cette discrimination (*3). Cela reste cependant rare et choisir un hotel situé près d’un quartier gay devrait éviter ce type de déconvenue.
Ce sont les personnes trans, intersexes, non-binaires et gender fluid qui sont les plus à même de rencontrer des difficultés, en raison de la binarité de genre qui imprègne de nombreux aspects culturels et quotidiens, ainsi que la conception des lieux publiques. C’est le cas des toilettes publiques, mais aussi des bains publics : sento locaux ou sources thermales onsen, où les bains sont le plus souvent séparés par genre et où l’on se baigne nus.
Il existe quelques onsen mixtes, comme par exemple à Nyuto Onsenkyo ou Takaragawa Onsen, mais ils ne constituent pas nécessairement une alternative idéale car les vestiaires y restent le plus souvent séparés. La meilleure solution pour éviter complètement la séparation par genre et une possible situation inconfortable reste les onsen privatifs, appelés “kashikiri onsen” ou “kazoku buro” (bain familial). Ceux-ci sont prisés par les familles et les couples hétérosexuels, mais aussi par les personnes non-cis et plus globalement celles qui ne sont pas à l’aise à l’idée d’être nues dans un bain public. Un onsen privé dans la chambre d’un ryokan peut être un luxe inaccessible à certains budgets, mais de nombreuses auberges disposent de bains privés accessibles gratuitement ou à un prix raisonnable pour leurs clients. Il est également possible de louer un bain en journée dans certaines villes thermales.
Les couples homosexuels cis ont quant à eux un avantage certain sur les couples hétérosexuels en matière d’onsen : ils peuvent profiter des bains publics en couple.
Sortir et rencontrer la communauté LGBTQ+ lors d’un séjour au Japon
Pendant votre voyage, vous aurez peut-être envie de rencontrer la communauté LGBTQ+ locale, que ce soit lors d’événements ou en découvrant la vie nocturne queer japonaise. Si celle-ci peut a priori sembler discrète par rapport à celle d’autres pays, elle est bien présente dans les grandes villes avec de nombreux bars et clubs, marches des fiertés, et événements divers tout au long de l’année.
Les quartiers gay les plus connus sont Shinjuku Ni-chome à Tokyo et Doyama à Osaka. On y trouve de nombreux bars, pour la plupart minuscules et nichés dans les étages supérieurs d’immeubles, il n’est donc pas toujours facile de les repérer ou d'en pousser la porte. Certains de ces bars ont une clientèle d’habitué·e·s et peuvent difficilement accueillir des clients ne parlant pas japonais. À moins d’être accompagné·e d’un·e guide local·e ou recommandé par un·e habitué·e, il est donc conseillé de vous tourner plutôt vers des bars plus grands et ayant pignon sur rue, qui sont heureux d’accueillir des clients de passage de tous horizons dans une ambiance plus proche de ce que l’on peut connaître dans les pays occidentaux.
À noter que beaucoup de ces établissements ciblent une clientèle en majorité ou exclusivement gay. Mais il y en a pour toustes et les lesbiennes, les trans, et les autres membres de la communauté pourront trouver le lieu idéal pour sortir, faire la fête, et faire des rencontres. Le site Japan Rainbow Night Out liste en anglais et en chinois les bars, restaurants et événements LGBTQ+ à Osaka et Okinawa.
Enfin, il serait dommage de passer à côté des grands événements comme la Tokyo Rainbow Pride (avril) ou la Kansai Rainbow Festa à Osaka (octobre) si vous êtes en voyage au moment où ils se tiennent. D’autres Rainbow Pride moins célèbres mais tout aussi festives et militantes se tiennent à travers le pays. On peut citer entre autres celles de Kyushu (novembre) et de Sapporo (septembre).
Les possibilités ne s’arrêtent pas là, et en rejoignant des groupes communautaires sur les réseaux sociaux, ou en consultant des sites spécialisés, vous pourrez découvrir toutes sortes d’événements auxquels participer pendant votre séjour : des shows de drag queens à des atelier DIY, en passant par des festivals de cinéma. L’office du tourisme d’Osaka a même mis en place Vist Gay Osaka, un site à l’intention des visiteurs LGBTQ+.
Les membres de la communauté LGBTQ+ sont bienvenu·e·s au Japon, où ils pourront vivre le voyage qui correspond à leurs envies, qu’il s’agisse d’explorer les sites touristiques et naturels qui font le charme des différentes régions, se détendre dans des auberges traditionnelles et des onsen, ou se plonger dans la vie nocturne des grandes villes.
Photographies : Osaka Convention & Tourism Bureau
(*1) 71% selon un sondage de Kyodo News datant de mai 2023
(*2) source: https://www.marriageforall.jp/en/marriage-equality/japan/
(*3) source: https://www.theguardian.com/world/2020/oct/30/japans-love-hotels-accused-of-anti-gay-discrimination