Découverte des Alpes japonaises entre Matsumoto et Takayama

Partons explorer les Alpes du Nord entre deux de leurs principales villes, Matsumoto et Takayama. L’itinéraire qui les relie, la voie traversante appelée “Kita Alps Traverse Route”, constitue une somme de points d’intérêts qui seront autant de points de départs pour des découvertes à pied, à vélo, en téléphérique, et des expériences culturelles dans les deux villes. entre les vertigineux sommets de ces Alpes japonaises. Elles sont aussi une frontière naturelle entre Japon de l’Est et Japon de l’Ouest, soit la promesse de belles explorations culturelles.

 

Alpes du Nord : quelques repères historiques

 

Historiquement, les Alpes japonaises sont le point de départ de la randonnée de loisir et de l’alpinisme au Japon, principalement entre Matsumoto (département de Nagano) et Takayama (département de Gifu), dans un ensemble de sommets et de vallées historiquement appelées monts Hida, puis surnommé “Alpes Japonaises” depuis la période Meiji (1868-1912), quand les premiers étrangers du Japon s’y sont aventurés. La ressemblance avec les sommets de l’Europe, les dénivelés vertigineux, les cols et les pics découpés ont justifié ce surnom, qui est depuis resté.

 

Mais avant cela, les sommets et vallées des Alpes japonaises étaient déjà traversées par un chemin saisonnier, reliant Takayama à Matsumoto et correspondant à l’itinéraire désormais décrit comme Kita Alps Traverse Route - où kita signifie “Nord”, les monts Hida correspondant désormais à la partie septentrionale de ces Alpes japonaises. 

 

 

Depuis les temps anciens, les gens et les biens ont toujours circulé entre Takayama et Matsumoto, ce qui a permis des transferts de culture entre les vallées et entre les régions du Japon. L’hiver, la sériole à queue jaune de la mer du Japon, réputée tant pour la chance qu’elle amène que pour ses saveurs, était transportée par cet itinéraire. Les jeunes filles employées au filage de la soie ont emprunté le même chemin, soutenant ainsi l'industrie 

textile, qui fut le fondement de la modernisation du Japon. La Kita Alps Traverse Route a toujours été au cœur des échanges.

 

Ce territoire se trouve littéralement au cœur du Japon, entre le Kanto à l’Est et le Kansai à l’Ouest. Il est bordé au nord par une région côtière appelée Hokuriku. L’ensemble fait aujourd’hui partie du Parc national de Chubu Sangaku.

 

Cliquez ici pour avoir plus d’informations sur les Alpes du nord.

 

Matsumoto à l’Est

 

 

La porte d’entrée des Alpes du nord lorsque l’on arrive côté Kanto est Matsumoto, la célèbre cité du château noir, l’un des douze dont le donjon n’a jamais été détruit depuis sa construction initiale. Depuis le centre-ville, le panorama sur les sommets des Alpes japonaises est impressionnant. La cité est aussi célèbre pour ses canaux, ses musées dont l’un abrite des œuvres de l’artiste contemporaine Yayoi Kusama et pour offrir une vie agréable.

 

Cliquez ici pour en découvrir davantage sur Matsumoto.

 

Si l’on se dirige vers le sud, il est possible de contourner le massif montagneux en retrouvant l’ancien Nakasendo au niveau de la rivière Kiso, l’un des itinéraires officiels du Japon de l’époque Edo (1603-1868). Mais il est aussi possible de marcher droit vers l’impressionnant mur de montagne pour le traverser. Une route s’y aventure depuis cette même époque, qui mène jusqu’à la vallée de la rivière Hida, de l’autre côté, celui de Takayama. C’est cet ancien itinéraire périlleux qu’explore aujourd’hui la Kita Alps Traverse Route.

 

Takayama à l’Ouest

 

 

Takayama constitue la porte d’entrée du massif côté Ouest. La cité a toujours été dans l’histoire japonaise celle de la menuiserie, particulièrement depuis qu’un certain Takumi, menuisier de génie, a brillé sur les chantiers de Nara et Kyoto au 8e siècle. La raison de cette spécialité est simple : la ressource en bois est abondante. La ville possède l’un des plus vastes territoires communaux du Japon, principalement constitué de forêts. Pour cette raison, elle était placée pendant l’époque Edo sous l’administration directe du shogun, hors du système des daimyos. Les fonctionnaires du shogunat d’Edo se sont rendus à Takayama, bien qu'elle soit située dans un pays difficile d’accès. Cette histoire inédite explique également que Takayama possède à la fois une culture montagnarde et l'élégante culture urbaine des villes raffinées du Japon d’Edo.

 

Cliquez aussi pour en découvrir davantage sur Takayama.

 

Activités naturelles et culturelles à faire dans les Alpes japonaises

 

L’alpinisme et la randonnée au Japon sont une affaire sérieuse depuis les années 1950 et la publication d’un livre référence : “Les 100 montagnes célèbres” par Kyuya Fukada. Dans l’ouvrage, l’ascension du mont Yarigatake, haut sommet des Alpes du nord, est présentée comme une référence pour les passionnés, comparée à celle du mont Fuji pour les Japonais.

 

 

Aventures en extérieur le long de la Kita Alps Traverse Route

 

Sans aller jusqu’à en faire l’ascension - celle-ci nécessite un équipement et un entraînement adéquat, il est vrai que le territoire montagnard du parc national de Chubu Sangaku est l’un des plus beaux pour les activités de plein air. La Kita Alps Traverse Route permet de découvrir quelques sites majeurs et faciles d’accès, connus pour leurs paysages, la richesse de leur flore et leur air pur. Ce sont par exemple la vallée alpine de Kamikochi ou le plateau de Norikura.

 

 

Le territoire s’explore bien grâce à un bon réseau de transport. Depuis ces portes d’entrée, Matsumoto et Takayama, il vous faudra prendre un bus (ou un train de Matsumoto à Shinshimashima), un taxi ou une navette opérée par l’un des opérateurs proposant des activités sur le secteur, etc. Tout est possible, depuis la randonnée à la journée, le trek, l’escalade, le vélo, et même le canyoning (en faisant attention de se préparer et de s’équiper en accord avec son niveau, l’itinéraire et la saison). Par ailleurs, quel que soit le moyen de transport utilisé, voir les sommets grandir progressivement est une expérience précieuse, qui ne peut être vécue qu’ici : voici les plus grands dénivelés de l’Archipel.

 

Au fond de la vallée d’Okuhida, le téléphérique de Shin Hotaka est l’un des deux seuls au monde à posséder des cabines à deux niveaux (l’autre se trouve en Suisse à Stanserhorn). Il constitue l’un des points d’accès vers les plus belles randonnées de Kamikochi, à pied aux beaux-jours, en raquette en hiver. Sans surprise, le territoire est aussi celui des loisirs d’hiver. Les ascensions sont possibles pendant les mois froids, mais il faut à ce moment être accompagné d’un guide. De nombreux opérateurs locaux peuvent prendre le relais pour l’organisation, fournir les services d’un guide anglophone, etc. Voir par exemple par ici ou par là, ce lien ou ce dernier lien.

 

 

Gastronomie, histoire et artisanat

 

Le riche territoire de la Kita Alps Traverse Route n’est pas que celui du plein-air. L’itinéraire joue aussi le rôle de trait d’union entre deux cités aux siècles chargés d’histoire. Des guides locaux pourront vous accompagner dans votre exploration de Matsumoto comme de Takayama pour mieux comprendre l’histoire et la géographie locale. À Matsumoto, vous découvrirez l’histoire des pommes japonaises, l’utilisation de la farine de sarrasin pour fabriquer des nouilles soba et une production locale de wasabi, quand Takayama sera l’occasion de déguster une viande de bœuf d’exception : le bœuf de Hida, que vous pourrez goûter par exemple en hoba miso, grillé sur une feuille de magnolia parfumée de la forêt.

 

 

La culture et l’artisanat sont également très présentes, particulièrement à Takayama qui hérite de son héritage sylvicole. Des visites d’ateliers sont accessibles, pour en apprendre plus sur les techniques de charpente ou sur l’art de la laque. La cité est aussi celle d’un festival très connu au Japon, organisé chaque année mi-avril et mi-octobre. Même si vous n’êtes pas là aux dates de l’impressionnante procession sacrée, vous pourrez en imaginer toutes les couleurs en voyant les chars, exposés à plusieurs endroits de la ville.

 

 

Le long de la route traversière, une étape agréable entre les deux villes sera Shirahone Onsen, une belle station thermale connue pour son eau bleue laiteuse, bonne pour la peau. S’y immerger sera particulièrement agréable après des activités physiques, pour se détendre. De nombreux ryokan se trouvent dans la vallée, qui seront l’occasion de s’essayer à la facette thermale de la culture japonaise. Voir par exemple par ici ou par là, ou encore ce lien ou celui-ci.

 

 

 

 

Cette Kita Alps Traverse Route, idéalement située entre Tokyo et le Kansai (Kyoto et Osaka), n'est pas seulement une destination touristique. Elle sera pour vous la région pour découvrir une facette différente de l’Archipel, peut-être plus ancrée, historique et naturelle. La préservation est ici l’affaire des générations successives.

Associer montagnes et neige est habituel, et visiter les Alpes japonaises en hiver est une bonne idée pour s’essayer aux loisirs de neige (ski, balades en raquette, etc.). Mais il y a ici du plaisir à chaque saison, des découvertes tant naturelles que culturelles. Fleurs de cerisiers et feuilles d’automne sont l’occasion de festivals remarquables, et l’explosion de nature à l’été constitue une grande bouffée de bien-être.

Au déplacement horizontal, de Matsumoto à l’Ouest à Takayama à l’Est, vous serez surpris par le mouvement vertical des sommets de plus de 3000 mètres, les monts Yarigatake, Hotaka ou Norikura, et les dénivelés de Kamikochi. Cette élévation fut longtemps sacrée, réservée aux moines et aux ermites. Mais, en raison du développement du réseau de transport, elle est aujourd’hui accessible à tous et le mieux sera de prendre le temps de la découvrir pas à pas. Et sans oublier de s’équiper en fonction de ses objectifs et de la saison, et d’adapter la découverte à son niveau.