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Yakushima

Dans mes six mois de séjour au Japon, certains endroits de l’archipel m’ont laissé une impression tellement marquante qu’ils constituent très probablement les plus beaux souvenirs de ma jeune vie. Faire un voyage si long en parcourant un pays du nord au sud à dix-huit ans et avec un ami, contribue par essence à changer et bâtir la personnalité. Il est donc très compliqué de choisir un endroit parmi tant d’autres mais c’est l’île de Yakushima qui m’a particulièrement marqué.
 

Ce qui est assez frappant, c’est qu’une sensation spéciale, déjà, se dégage bien avant de fouler la terre de cette île aux cèdres millénaires, et ce, dès le voyage en ferry. Nous sommes quasiment seuls dans cet immense bateau, diffusant un étrange sentiment fantomatique. Yakushima se dessine alors au loin après plus de six heures de traversée. L’île, presque menaçante sans jamais l’être vraiment… On sent qu’on entame un autre voyage.
 

Une fois arrivés, nous avons d’abord décidé de faire un petit tour de l’île et de ses richesses variées. Le choix se porte sur Nagata Inaka hama, une plage assez perdue à trente minutes en voiture de Miyanoura, petite ville portuaire. Nagata Inaka hama est un endroit réputé pour l’observation de la naissance de tortues de mer de diverses espèces au début du mois de juin. Malheureusement, nous n’avons pas pu assister à ce spectacle nocturne. Il était évidemment nécessaire de réserver.
 

Bien que l’île soit connue pour abriter une importante faune et flore, notamment des majestueux cèdres millénaires, des singes, ou encore des shika (petit cerf japonais), c’est l’omniprésence d’une nature presque primitive qui m’a beaucoup frappé, ici. Dès le premier pas posé sur l’île, elle nous entoure, nous enveloppe.
 

Le lendemain, le plus important nous attend : nous rendre dans la forêt. Il est capital de spécifier que dix jours plus tôt, autour du 20 mai, des pluies diluviennes avaient ravagé l’île, justifiant ainsi l’absence quasi-totale de voyageurs sur le ferry. Bien que l’île soit célèbre pour sa pluie - avec un dicton affirmant par ailleurs qu’il y « pleuvrait 35 jours par mois » -, cette « cascade » qui parut s’abattre sur Yakushima était d’une force impressionnante. Le bus vide nous amène au célèbre ravin de Shiratani Unsuikyo, lieu qui représente une bonne partie de la forêt et porte d’entrée d’un parc naturel qui abrite les plus vieux cèdres de l’île. Nous décidons de faire l’aller-retour de Shiratani jusqu'au Mont-Miyanoura, sommet de Yakushima culminant à presque 2000 mètres d’altitude. Notre randonnée comprendra comme point central l’impressionnant cèdre Jomon, figure de l’île, vieux de plus de trois millénaires. Nous dormirons trois nuits dans les refuges qui parsèment le bois. Le camping étant interdit au sein de la forêt, ces refuges en bois sont installées ici pour abriter, ou loger les randonneurs. Il y en a trois entre Shiratani et le Mont-Miyanoura. Très pratiques et rustiques, c’est selon la place disponible sur le moment pour y dormir, mais à la période à laquelle nous y étions, deux à trois personnes en moyenne y dormaient, et nous pouvions y rentrer à une dizaine. Nos nuits seront entrecoupées par d’intenses randonnées sous un grain infini. La pluie qui semble durer pour toujours tombe uniformément sur nos capes de pluie, et le bruit des gouttes rythme notre ascension. Elle fait partie intégrante du paysage, elle la rend plus belle, plus mystique.
 

Le Jomon Sugi millénaire, la vue incroyable depuis le mont Miyanoura, les nuits dans les refuges où dansaient quelques souris, l’humidité absolue et nos 5kg de riz : voilà notre journal de bord. Dans les randonnées, nous passerons sur des rails abandonnés faisant partie du chemin à destination du Jomon Sugi, nous enjamberons des arbres, passerons sous des racines, comme si la forêt reprenait ici tous ses droits, et mangeait petit à petit le chemin, laissant pousser au hasard branches et racines. On sent que l’on est seulement de passage ici, et qu’elle a bien voulu nous ouvrir sa porte, un peu. Après plusieurs jours, elle nous fait signe qu’il est l’heure d’en sortir. Exténués, trempés jusqu’aux os, repus de cette nature primaire, tantôt hostile tantôt rassurante, nous rentrons depuis Shiratani jusqu’à la ville de Miyanoura, et prenons le bus pour définitivement quitter cette sylve magique.
 

Le carnet où j’écris les aventures au jour le jour finit lui aussi par se fatiguer et prendre l’eau, et bien que tout soit encore parfaitement lisible quelques années plus tard, il en porte toujours les marques.

Article rédigé par Raphaël, stagiaire du JNTO

Pour en savoir plus sur Yakushima : https://www.japan.travel/fr/destinations/kyushu/kagoshima/yakushima/


Crédit photos : © Alex Valancogne

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