J’ai découvert la ville de Tomioka et son histoire au moment de ma nomination en tant que coordinatrice des relations internationales (CIR) de la ville en 2019 dans le cadre du programme JET. Quelle n’a pas été ma surprise de découvrir que cette ville, bien que peu connue des touristes français, abrite un site clé de l’industrialisation du Japon, édifié avec l’aide d’ingénieurs français à la fin du 19ème siècle !
La filature de soie de Tomioka
Tomioka est une ville du département de Gunma, au nord-ouest de Tokyo. En son coeur se trouve la première filature de soie mécanisée d’Etat de grande envergure du Japon. Celle-ci a été inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2014 en tant que témoin des échanges technologiques entre la France et le Japon durant l’ère Meiji, et pour son rôle clé dans l’industrialisation rapide du pays. La soie de haute qualité fabriquée ici et exportée en masse vers la France (notamment à Lyon) a en effet permis d’obtenir des devises étrangères qui ont rendu possible l’achat de nouvelles machines pour moderniser le pays.
Ce qui intrigue lorqu’on voit la filature pour la première fois, c’est qu’elle a été construite avec l’aide de Français, et possède donc une architecture étonnante, mêlant murs de briques occidentaux à une ossature de bois et des tuiles typiquement japonaises ! Cette architecture en fait un bâtiment unique au Japon.
Mais outre le bâtiment en lui-même, les machines utilisées à l’époque sur le site étaient également spéciales puisque c’était des machines de dévidage de cocons modernes, tout droit importées de France, et plus précisément de la cuivrerie de Cerdon dans la Drôme. On peut d’ailleurs y admirer, depuis février 2022, une réplique de ces machines qui ont contribué à la modernisation de l’industrie soyeuse japonaise !
Si l’histoire de la filature vous intéresse, j’ai publié une vidéo détaillée à ce sujet sur la chaine Youtube de la filature.
Pour ceux qui sont plus workshop qu’histoire, à la filature, on peut dévider soi-même des cocons à l’ancienne avec une machine de dévidage traditionnelle japonaise ! J’ai eu l’occasion de fabriquer plusieurs bobines qui décorent maintenant mon intérieur. C’est une expérience toute particulière que de voir les cocons se vider au fur et à mesure pour découvrir la chrysalide encore présente à l’intérieur.
D’ailleurs avez-vous déjà vu des vers à soie vivants ? Pour ma part je n’en avais jamais vu avant de venir. Ici on en élève un petit nombre toute l’année, et si vous venez au bon moment, vous aurez peut-être même la chance de les voir en plein tissage de leur cocon ! Ces petits animaux, que j’aime présenter comme des « shinkansen miniatures » comme le faisait mon prédécesseur, sont très respectés par la population car ils ont fait la prospérité économique de la région. Ici on parle de « okaiko-sama », avec deux qualificatifs honorifiques « o » et « sama », que l’on pourrait traduire par « maître ver à soie » ou « monsieur ver à soie ».
A Tomioka, on n’utilise pas la soie dans la seule industrie textile, mais également dans l’industrie cosmétique et alimentaire ! J’ai été très surpise en arrivant de me voir proposer un chiffon cake ou des sablés à la protéine de soie, et de trouver dans le magasin de souvenirs des savons et crèmes de beauté contenant de la soie. On peut même acheter des chocolats et des pancakes (« kaiko-yaki ») en forme de ver à soie !
Le mont Myogi, un des 3 paysages exceptionnels du Japon
Tomioka n’est pas qu’une ville de culture, c’est également une ville possédant de magnifiques paysages naturels notamment le mont Myogi ! Etant férue de randonnée, je ne pouvais rêver mieux. Le mont Myogi est remarquable par ses formations rocheuses et ses parois acérées si caractéristiques. Il existe plusieurs parcours de randonnée, de débutant à expérimenté. Les itinéraires les plus dangereux sont truffés de chaînes et il est fortement recommandé de s’y aventurer avec un guide, un casque et des aptitudes de grimpeur expérimenté. Les itinéraires plus simples sont quant à eux certes assez raides, mais pas dangereux et tout à fait praticables. Il paraît d’ailleurs que les primaires des environs y expérimentent la randonnée ! En ce qui me concerne, je suis allée jusqu’au « Dai no Ji » , un caractère chinois géant « 大 », marquant la fin du parcours simple.
Le mont Myogi est un endroit magnifique, dans lequel j’aime particulièrement me rendre en automne, quand les feuillages virent au rouge-orangé, et que la chaleur de l’été commence à s’estomper. Si vous n’êtes pas amateur de randonnée, vous aurez peut-être tout de même envie de faire le détour pour visiter le sanctuaire Myogi, dont les laques et les dorures n’ont rien à envier à celles du fameux sanctuaire de Nikko, ou alors pour admirer le paysage tout en vous prélassant dans les sources chaudes en extérieur « Momiji no Yu ».
Seul point négatif, il faut louer soit une voiture soit un taxi pour se rendre au mont Myogi... N’ayant moi-même pas de voiture, je comprends votre frustration ! Je vous dévoile donc mon petit jardin secret, un écrin de verdure à une petite vingtaine de minutes à pied de la filature et méconnu des touristes : la colline Joyama (城山) .
Tomioka est à la fois le berceau de l’industrie moderne de la soie japonaise, et un lieu riche de ses paysages naturels, facilement accessible depuis Tokyo en train. Si vous songez à un petit voyage ici prochainement, n’hésitez pas à me contacter sur les réseaux sociaux. Je serais ravie de vous faire visiter ma ville d’adoption japonaise !
Vous souhaitez en savoir plus sur Tomioka ?
Site officiel de la filature de soie : http://www.tomioka-silk.jp.f.wv.hp.transer.com/tomioka-silk-mill/guide/id=736
Page Facebook : www.facebook.com/people/Filature-de-soie-de-Tomioka/100064495760120/
Page Instagram : www.instagram.com/my.tomioka/
Chaîne Youtube : www.youtube.com/@TomiokaSilkMill
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Article rédigé par Véronique Moulin, coordinatrice des relations internationales à Tomioka dans le département de Gunma, partie au Japon avec le Programme JET.
