Avant même de partir au Japon, la ville de Kagoshima au sud de l’île du Kyushu, captivait déjà mon imagination. En effet, connue comme la Naples japonaise, au milieu de sa baie, trône le majestueux Sakurajima, un volcan actif qui était une île jusqu’en 1914 où une éruption l’a rattaché à la terre.
Le matin, nous avions quitté Kurokawa sous la douce neige, nous offrant des paysages féériques, pour arriver dans la douce lumière du soleil de Kagoshima sur un front de mer bordé de palmiers où était amarré un quatre-mâts. C’était l’avant-dernière étape de notre périple dans le sud du Japon, et, après avoir profité de nombreux ryokan, nous nous étions arrêtés dans un hôtel de type occidental, haute tour sur le front de mer.
Le hall de l’hôtel présentait sur de grands panneaux la Rébellion de Satsuma. En effet, en 1877, c’est à Kagoshima sur la colline de Shiroyama que les derniers samouraïs livrèrent leur bataille finale contre le nouveau gouvernement impérial de Meiji. A notre grand amusement, nous avons été accueillis par un Français, ravi de rencontrer des compatriotes, qui nous a fait part de ses belles expériences dans sa ville d’adoption. Dans les étages supérieurs de l’hôtel, sur les murs, l’histoire des habitants de la ville et du volcan était exposée en images et derrière une grande baie vitrée, les bains fumants donnaient sur une vue panoramique extraordinaire du Sakurajima.
Je me souviens particulièrement bien du voyage dans le ferry qui nous menait au volcan. La vue de la ville qui s’éloignait et du volcan qui se rapprochait me faisait palpiter le cœur – « doki doki » comme on dit en japonais. Des télévisions diffusaient une émission comique où un homme en tenue léopard chantait une chanson qui allait se faire connaître jusqu’en France : « Pen pineaple apple pen ».
Nous avons enfin mis le pied sur le volcan qui fumait au cœur d’un écrin de nature. Des rochers aux allures parfois fantastiques posés sur des coulées de lave et de cendres sont entourés de jeunes conifères au vert tendre. Le chemin est parsemé de bunkers qui en cas d’éruptions soudaines protègent des chutes de pierres. La puissance du volcan apparaît dans toute sa splendeur au sanctuaire Kurokami. Celui-ci fut enseveli en 1914 et il ne reste que le haut du portail au pied des racines d’un banian.
Non loin de là, des stands vendaient des souvenirs, mais aussi des fruits et légumes. On y trouve le plus gros radis au monde, le Sakurajima daikon et la plus petite clémentine, la Sakurajima komikan.
Pour terminer cette journée, désireux de manger un bon morceau de viande après tant d’émotions, nous nous sommes installés au comptoir d’un restaurant situé à Tenmonkan qui servait de la viande locale, plus précisément le fameux bœuf « kuroge wagyu ». Nous avions le spectacle des cuisiniers qui s’affairaient et le regard qui se portait sur la grande diversité de légumes frais prêts à être découpés juste devant nous. Une des cuisinières a longuement parlé avec nous de la France et du Japon.
Je regrette de ne pas avoir pu passer plus de temps à Kagoshima à parcourir ses rues chargées d’histoire : son marché, le musée de la Restauration de Meiji, les ruines de son château, le monument dédié à Saint François Xavier venu au Japon pour évangéliser, la statue de Saigo Takamori et tant d’autres choses. Mais ce n’est que partie remise. Je reviendrai !
Article rédigé par J.V (ancienne stagiaire du JNTO)