C’était la première fois que je mettais les pieds dans la région du Tohoku. A peine arrivé à Hirosaki en bus de nuit depuis Tokyo, j’ai emprunté la ligne Gono en direction de la ville d’Ajigasawa dans la préfecture d’Aomori. A cette époque, je ne connaissais rien de cette région - la preuve : je ne me suis même pas arrêté à Hirosaki pour découvrir le magnifique château construit au 17ème siècle et son parc qui est connu pour ses nombreux cerisiers, environ 2600 ! Quelle honte !
Début avril, il faisait encore froid et les narcisses étaient en pleine floraison quand je suis arrivé chez mon hôte qui gérait une ferme bio à Ajigasawa, avec sa femme canadienne et leurs deux petits garçons de 7 et 5 ans à l’époque. C’est ici que j’allais séjourner 3 semaines. Juste derrière leur maison, on pouvait voir le Mt. Iwaki, la montagne la plus haute d’Aomori. Avec son chapeau de neige, on aurait dit le Mt. Fuji de la région ! Et je ne me suis pas trompé car ce dernier joue un rôle important depuis des siècles dans la vie quotidienne de la population locale. Il existe même un festival qui se déroule sur trois jours, l’Oyama Sankei qui consiste à gravir la montagne pour prier pour une récolte abondante.
J’étais venu à Aomori avec deux buts : le premier, pratiquer le Wwoofing que je voulais faire depuis longtemps (sachez que pour faire du Wwoofing au Japon, un visa étudiant, de travail ou vacances-travail est nécessaire). Je voulais surtout échanger avec des locaux et découvrir la région de façon plus lente. Cela dit, à partir du deuxième jour, j’étais bien occupé avec les tâches qu’on m’avait confiées : ranger les récoltes de l’année précédente, préparer les graines, nettoyer le terrain et les petites serres - et aussi m’occuper des garçons, préparer le dîner, etc. Mais, bien évidemment, je n’avais pas oublié mon autre objectif qui était de découvrir Aomori !
J’ai donc visité le musée de Nebuta Wa Rasse où se trouvent les gigantesques chars à lanternes très colorés dont les motifs sont inspirés de la mythologie japonaise. Malgré un manque d’ambiance festive, j’ai pu participer à la danse traditionnelle « Haneto » (activité proposée par le musée) et même toucher les chars de mes propres mains. Je me suis également rendu au musée d’art contemporain d’Aomori, d’abord pour admirer son architecture moderne inspirée par le site archéologique de Sannai Maruyama de l’ère Jomon, mais aussi pour y voir l’œuvre d’art « Aomori-ken Dog » (le chien d’Aomori) de Yoshitomo NARA, un artiste contemporain japonais connu pour ses portraits de jeune fille (parfois punk !), ainsi que la collection de Tohl NARITA, sculpteur et directeur des effets spéciaux d'Ultraman (la série de super-héros préférée de mon enfance !).
Par ailleurs, avec mon hôte et ses amis, nous avons fait un tour à Aoike (l’étang bleu), un des douze lacs du site naturel de Shirakami Sanchi. La couleur de l’étang y est si bleue et si intense qu'elle semble irréelle... une merveille de la nature intacte ! Comme il n’y avait personne à part nous, on avait l’impression que tout nous appartenait : l’étang, la sérénité et le silence. Sur le chemin pour rentrer, nous nous sommes arrêtés à l’Onsen de Furofushi, un bain extérieur donnant sur la mer du Japon. Enfin, nous avons terminé la journée en écoutant la voix de la nature : les vagues, les oiseaux et le vent... bref, une séance de détox !
Bien que j’aie séjourné pendant 3 semaines à Ajisagawa, il me reste quelques regrets. Cependant, je me rends compte que les regrets ne sont pas forcément une mauvaise chose car ils me donnent encore plus envie de retourner dans cette région et d’en découvrir d’autres visages : la randonnée d’Iwakisan et la visite du sanctuaire d’Iwakiyama, les feux d’artifice et le festival Tachineputa en été, les gorges d'Oirase, Sukayu Onsen, le lac Towada, bien évidemment le sanctuaire de Takayama Inari et monter à bord du Stove-train (train au poêle à charbon) en hiver… une liste sans fin.
Il ne s’agissait pas d’un séjour touristique mais plutôt de vivre et partager le quotidien des locaux, échanger, apprendre de nouvelles choses et voyager de manière plus lente et plus durable. C’était vraiment un voyage qui sortait des sentiers battus et qui est resté gravé dans ma mémoire, car je m’en souviens encore aujourd’hui alors que c’était il y a huit ans déjà.
Ce fut un séjour inoubliable à Aomori.
Article rédigé par Yip de l’équipe du JNTO